A Cannes, Jacques Chirac livre son "testament africain"
LE MONDE | 15.02.07 | 14h43 • Mis à jour le 15.02.07 | 14h43
CANNES ENVOYÉS SPÉCIAUX
Jacques Chirac "aime l'Afrique". Le président français l'a dit avec une certaine emphase, jeudi matin 15 février, à l'occasion de l'ouverture, à Cannes, du
dernier sommet Afrique-France de son mandat, dans un discours comportant à la fois un bilan de son action depuis douze ans en direction de l'Afrique et
un plaidoyer pour une plus forte mobilisation de la communauté internationale au chevet du continent africain.
L'Afrique, "ce sont des crises, des blessures au flanc du monde, dont la communauté internationale ne peut
détourner les yeux car, aujourd'hui, les désordres régionaux ont souvent des répercussions planétaires",a
déclaré M. Chirac devant les représentants de 48 Etats africains et en présence de la chancelière allemande,
Angela Merkel. A cette dernière, il a demandé de "maintenir" l'Afrique au coeur du prochain sommet du G8 en
Allemagne. "J'aime et je respecte l'Afrique. (...) La France aime l'Afrique" et "se sent liée avec elle par les
engagements de la fraternité, de l'histoire et du coeur", a dit M. Chirac.
Le président français lance un appel pour que, à l'heure de la "mondialisation", la communauté internationale
relève "le défi du développement" pour venir en aide à l'Afrique. Il met en garde contre "la facilité du court
terme et les égoïsmes" qui feraient que l'Afrique, avec ses "immenses ressources naturelles", risque d'être "une
nouvelle fois, mise au pillage".
Evoquant la "tragédie du Darfour", le président français appelle "tous les belligérants et le gouvernement du
Soudan" à "accepter le déploiement d'une force de paix". Le discours de M. Chirac ne comportait cependant
aucune référence à des "crimes contre l'humanité" au Darfour, alors qu'il avait employé cette expression par le
passé. Cette inflexion intervient au moment où M. Chirac espérait organiser, jeudi, une rencontre entre les présidents du Soudan, du Tchad et de Centrafrique.
"STABILITÉ ET SOLIDARITÉ"
Etablissant un bilan de sa politique africaine depuis 1995, M. Chirac parle de "deux impératifs : stabilité et solidarité". "La France respecte et continuera de
respecter les accords de défense qui la lient à plusieurs pays africains", affirme-t-il, avant d'ajouter : "Qu'il s'agisse de prévenir ou de traiter des conflits, elle
agira dans le cadre légitime des mandats onusiens ou africains."
Au Tchad et en Centrafrique, affirme M. Chirac, les actions récentes de l'armée française relèvent du seul souci de "veiller à l'intégrité territoriale" de ces pays
"menacés par les risques liés au Darfour". Il passe ainsi sous silence le soutien de Paris à des régimes politiques contestés. C'est au nom de cette même
"stabilité" que M. Chirac a souligné, devant les chefs d'Etat africains, l'importance de tenir "un calendrier démocratique" et d'observer "la régularité des
élections". "Les crises prennent souvent naissance dans des scrutins discutables qui entachent la légitimité", a-t-il remarqué, avant de souhaiter que la Côte
d'Ivoire "retrouve la voie de la sagesse et du développement" qui existait, selon lui, du temps du président Félix Houphouët-Boigny.
En revanche, selon la version écrite du discours, le président français ne devait pas évoquer la situation en Guinée, un pays francophone où la contestation
politique contre le régime du président Lansana Conté a fait près de 200 morts depuis le début de l'année.
Natalie Nougayrède et Jean-Pierre Tuquoi
Affaire Borrel : la juge convoque le président de Djibouti
La juge chargée de l'affaire Borrel a convoqué, mercredi 14 février, comme témoin, le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, présent au sommet de
Cannes. L'affaire provoque de vives tensions entre Paris et Djibouti. Le ministère de la justice a rappelé, mercredi, dans un communiqué, que les demandes
faites aux chefs d'Etat étrangers "doivent obéir aux formes particulières prévues par la loi", en l'occurrence passer par la voie diplomatique, ce que n'a pas fait
la juge, qui devait adresser une nouvelle demande jeudi. La veuve du juge, Elisabeth Borrel, estime "scandaleux" l'accueil fait à M. Guelleh. Deux responsables
djiboutiens font l'objet d'un mandat d'arrêt international dans une affaire de subornation de témoins. Des Djiboutiens réfugiés en Belgique ont mis en cause le
président et son entourage dans l'assassinat du juge en 1995. Le président djiboutien réfute la thèse de l'assassinat.
Article paru dans l'édition du 16.02.07
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